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Les minorités actives [2/3]
Définition : " la minorité n'a pas d'aspect numérique, il suffit que le groupe ait un caractère marquant. Ce dernier a en principe un pouvoir et/ou une compétence pour pouvoir imposer son point de vue ". Moscovici
Ses travaux ont montré que pour être influentes, ces minorités doivent avoir un comportement consistant : ses membres doivent à la fois être en accord entre eux (consistance synchronique) mais ils doivent également garder un même comportement dans le temps (consistance diachronique).
6 personnes participent à un groupe d’expérience; 2 sont complices des chercheurs : ils représentent la minorité active. Les 4 autres sont les sujets de l’expérience, ils ne sont pas au courant de ce que l'on attend d'eux, et croient qu’il s’agit d’une expérience sur la perception des couleurs, et de leur luminosité. Ils sont « Naïfs ».
Les 6 participants passent un test collectif afin de s’assurer qu’aucun n'a de problème perceptif des couleurs. Les résultats sont annoncés immédiatement, ainsi chacun est convaincu de la bonne perception visuelle de ses voisins. Dans une même pièce on leur passe une série de diapositives, dont la couleur est toujours une variante de bleu. Chacun doit dire à haute voie la couleur qu’il perçoit. Les complices ont pour consigne de dire qu'ils perçoivent du vert à chaque diapositive.
Sur l’ensemble des expériences, quelques sujets seulement ont été influencés et affirment avoir bien perçu du vert, sur une partie ou la totalité des images. En comparaison, pour un groupe témoin, sans complices, il n’y a aucune erreur; tout le monde est unanime puisque comme on l’a dit, aucun participant n’a de problème de perception. Bien que ces personnes influencées ne soient pas très nombreuses des questions se posent malgré tout : les individus ont-ils vraiment perçus du vert ? Sont-ils les seuls à avoir été influencés ou l’influence s’étend elle au delà des apparences? Pour le savoir, l’expérience continue :
Après la projection, les sujets sont placés autour d’une table, les expérimentateurs prétextent un test visant à mesurer la fatigue sur la vision des couleurs. Sur la table 16 pastilles sont étalées en un dégradé régulier qui va du bleu au vert. On demande aux sujets d’écrire si la couleur de chaque pastille est plutôt bleu ou plutôt verte.
On constate immédiatement que l’influence de la première expérience est bien plus importante que ce que l’on aurait pu le croire : en comparaison, les sujets expérimentaux perçoivent beaucoup plus tôt le vert que le groupe témoin. Mais le plus incroyable c’est que les individus perçoivent du vert d’autant plus tôt qu’ils n’ont pas cédés à l’influence de la première expérience. Lors de celle-ci, les sujets (apparemment) influencés souhaitaient donc faire comme la minorité; ils ont fait une simple modification verbale mais leur perception n'a pas été réellement influencée. Par contre ceux qui ont résisté pour ne pas être influencé l’ont en fait été… le plus. Certains iront jusqu'à signaler du vert a partir de la 4me pastille (au lieu de la 9me).
Ces
personnes ont donc changé leur mode de perception, et cette modification
est d'autant plus importante dans la seconde expérience que les sujets ont résisté
à l'influence minoritaire dans la première. La répercussion de l’influence n’est donc pas immédiate, puisqu’ils
ont refusé de l’avouer verbalement, mais on peut penser que les bases
profondes de leur jugement ont été révisées. Cela
se fait plutôt de manière inconsciente.
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